La grando escolo des moussus
Ecrivain
Jacques Boé (Agen 6 mars 1798 – 4 octobre 1864) est le fils d’un tailleur. Après avoir été formé au séminaire d’Agen, il apprend le métier de coiffeur. Il écrit des poésies, qu’il récite à ses clients, c’est un conteur. En 1836, il se rend à Bordeaux et à partir de 1840 entreprend plusieurs tournées dans le Midi, ce qui lui vaut une très grande renommée. Ce poème a été écrit 1847 dans des circonstances particulières : Jasmin le compose à l’occasion de la distribution solennelle des prix du collège d’Agen et le dédicace au chef d’établissement en le récitant. Il y montre à quel point la possibilité de fréquenter le collège, est un avantage pour la jeunesse. Cette grande école qu’il n’a pas eue lui-même la chance de connaître, n’était cependant pas accessible aux pauvres et aux femmes :
Es aoumen pouyran beni famus,
Car ensegno l’esprit et las caouzos poulidos,
La grando escôlo des Moussus !
« Eux au moins pourront devenir fameux,
Car elle enseigne l’esprit et les belles choses
La grande école des messieurs ! »
Description
Notice bibliographique
JASMIN (Jacques Boé, dit…), Las Papillotos, de Jasmin coiffeur, de las academios d’Agen et de Bourdeou… 1825-1843, Agen, Prosper Noubel, 1843-1842. Traduction de Marceau Esquieu, complétée par M. Rigouste.
Portrait: Jacques Boé dit Jasmin, dans Revue des deux mondes, XXIVe année, seconde série de la nouvelle période, t. 5, Paris, 1854. Copyright expiré. (Consulté le 10 novembre 2011)
Extrait
Toutjour m’en soubendrèy: penden qu’éri maynatge, Dins uno paouro escôlo al regen droumillous Que dins tout l’an abiò l’uzatge De cambià soulomen quatre cots sas litsous, Coumo el sul libre badaillaben; Mais jou que d’aprene abloy set, Lou ditchaou, lou dimeche, à peno nous lebâben, Oublidan gaoudûfo et palet, Fazioy d’Agen moun alfabet; Trimâbi de tout bors, legissioy las ensegnos, Câdo afficho, câdo escritèou; Lou regen lou dilus m’appelâbo un flambèou! Et quan apèy begnon las bregnos, Recebioy, per un més, la médaillo d’argen; De touts êri lou may saben: Legissioy lou francés… prèsque courrentomen!! Et quan mitat hôme fusquèri La nèy, toutjour y saounejâbi; Aro anfin, qu’en Muzo pastouro, Oh! courounos del brès, sès douços à moun atge! |
Je m’en souviendrai toujours, lorsque j’étais enfant, Dans une pauvre école à l’instituteur somnolent Qui de toute l’année avait l’habitude De changer seulement quatre fois ses leçons, Comme lui nous baillions sur les livres; Mais moi qui avais soif d’apprendre, Le jeudi, le dimanche, dès le lever Oubliant la toupie et le palet, Je faisais d’Agen mon alphabet; Je courrais de tous côté, je lisais les enseignes, Chaque affiche, chaque écriteau; L’instituteur, el lundi, m’appelait « un flambeau! » Et l’orsqu’ensuite venaient les vendanges, Je recevais, pour un mois, la médaille d’argent; De tous j’étais le plus savant; Je lisais le français… presque couramment !! Et lorsque je fus homme à demi, La nuit, toujours j’y rêvais; Maintenant enfin, qu’en Muse pastorale, Oh! couronne du berceau, tu es douce à mon âge ! |